Une musique sombre et solennelle pour l’éternel repos de Cherubini

Beethoven et Cherubini : voici les deux noms qui ont résonné dans les voûtes du chef-d’œuvre de l’art baroque lyonnais, la chapelle de la Trinité. L’Ouverture de “Coriolan” du génie allemand et le Requiem de Luigi Cherubini se sont parfaitement unis sous la direction de Jean-Philippe Dubor dans une soirée aux couleurs romantiques

C’est un plaisir de retrouver Jean-Philippe Dubor, un chef d’orchestre qui nous a habitué à des associations audacieuses qui se sont toujours démontrées parfaitement réussies (pensons, par exemple, à la soirée consacrée à la rencontre entre Wagner et Verdi. Le soir du 4 mai, la rencontre à l’ordre du jour était celle entre le génie du romantisme allemand, Ludwig van Beethoven, et celui qu’il considérait comme le plus grand compositeur de son époque, le florentin Luigi Cherubini. Une rencontre-hommage, une union sentimentale qui a dessiné une soirée intense.

Compositeur très cher au chef d’orchestre des Siècles Romantiques, Ludwig van Beethoven a été convoqué en guise de nume tutelare de la soirée. La direction de l’Ouverture de « Coriolan » a été impressionnante et nous a montré, encore une fois, comment le compositeur allemand est dans la peau de notre chef d’orchestre.

L’ouverture du Requiem de Luigi Cherubini a été assurée par les bois et les instruments à cordes les plus sombres, et l’entrée des voix (en pianissimo) était une caresse mélancolique qui amenait l’écouteur à l’intérieur d’un monde musical extrêmement délicat. Les trente éléments masculins du chœurs ont bâti une architecture gothique, légère et indestructible, un soliloque ascétique rarissime. Le Requiem a été, en fait, crée par le compositeur florentin comme une messe personnelle conçue pour ses propre funérailles (qui auront lieu le 20 mars 1842 à Saint-Roch), et le ton calme mais inexorable, s’approche d’une sorte d’affection pour la mort qui n’est pas seulement acceptée, mais aussi subtilement courtisée.

Le Kyrie est léger, fataliste mais dépourvu de tout sentiment de désolation et ce traitement de la matière musicale continue et devient encore plus radical dans le suivant Graduale où les instruments se taisent complètement pour laisser s’exprimer les voix qui se veulent presque éphémères : un raffinement extraordinaire. Ces trois premières parties démontrent l’extrême importance de la voix par rapport au côté musical dans cette œuvre de Cherubini et le soin que Jean-Philippe Dubor consacre à cette direction affichent une élégance et une délicatesse que nous avons rarement vu.

L’explosion de l’attaque du Dies Irae est purement romantique : ici nous retrouvons la force et la solennité si chères à la direction et le travail fait par les ténors pour atteindre les pics majestueux au long de toute la pièce est un véritable défi sonore. C’est ici, dans le Dies Irae que la messe semble s’accomplir mais le suivant Offertorium assume un ton encore plus grandiose renforcé par le court Sanctus où le « Hosanna in excelsis » est souligné par les cuivres et préfigure déjà le final.

Mais il y a un retour à la calme et à la méditation dans le Pie Jesus, un retour sur terre après les invocations à Dieu et aux saints. Retrouvons ici une sobriété émouvante avant la partie finale, l’Agnus Dei qui clôture le Requiem et qui accompagne le corps dans l’Au-delà avec une dernière touchante invocation.

Le concert a eu lieu :
Chapelle de la Trinité

29-31 rue de la Bourse – Lyon
jeudi 4 mai 2017 à 20h

Les Grands Concerts ont présenté
Ouverture de « Coriolan » de Ludwig van Beethoven et le Requiem de Luigi Cherubini

Programme complet
Ouverture de « Coriolan », 1807 op.62 de Ludwig van Beethoven
Requiem en ré mineur pour chœur d’hommes et orchestre symphonique, 1836 de Luigi Cherubini

Les Siècles Romantiques
direction Jean-Philippe Dubor

www.lesgrandsconcerts.com