In viaggio con Paolo

Soirée de velours, d’un doux rêve intemporel. Le concert de Paolo Conte aux Nuits de Fourvière était un des événements à ne pas rater de l’été lyonnais. Nous ne l’aurions pas raté. Per niente al mondo

Paolo et ses musiciens apparaissent sur la scène de Fourvière parfaitement à l’heure. Et le concert démarre tout de suite avec une festive Ratafià, petite perle rythmée et impeccable pour ouvrir une soirée exceptionnelle. Les atmosphères de velours de Sotto le stelle del jazz conduisent le public dans une danse intemporelle qui se poursuit avec l’excitée Come Di et Alle prese con una verde milonga qui resserre les corps dans une étreinte éminemment sensuelle. Accompagné au piano, Paolo Conte se livre dans une intimiste et souffrante Snob, où ses origines « provinciali » résonnent, comme ils font aussi dans la suivante Recitando, notamment dans les sonorités de fête de village.

Oui, nous sommes sous l’emprise de cet éternel rital, nous sommes emportés très loin et on oublie presque le côté matériel du monde. Quelques petits problèmes techniques nous ramènent sur terre. Mais le rêve reprend à se déployer aussitôt avec la virevoltante Dancing et le saxophone inébriant de Luca Velotti. La pluie commence à caresser les visages des spectateurs tandis que l’atmosphère devient sombre et languide dans un risqué Gioco d’azzardo enlacé par le sax de Massimo Pitzianti et sectionné par le violon de Piergiorgio Rosso. Comme une incantation pour chasser les nuages, Gli impermeabili entraine une dance joyeuse qui devient déclaration d’amour dans la suivante Madeleine, véritable chef-d’œuvre de l’italien, supporté par l’accordéon splendidement parisien de Pitzianti. Si l’on ne l’avait compris, Paolo Conte veut nous emmener avec lui, loin de notre quotidien : donc, oui, Via con me n’est pas une invocation, c’est un ordre. Nous l’exécutons et dans ce voyage initiatique nous rencontrons le mystérieux et fascinant Max qui nous montre les landes de la musique classique, entrecoupées par des collines jazz, pendant qu’un vent tzigane nous décoiffe, des échos prog résonnent loin pour finalement parvenir à la cour d’un prince du Moyen-Age. Nous sommes kidnappés par le Diavolo Rosso, le héro des temps modernes Giovanni Gerbi, et avec lui on se lance dans une chevauchée interminable, accompagnés par une musique ivre, qui s’autoalimente : néecomme un petit ruisseau, elle a acquis puissance sur son chemin pour devenir, finalement, un tsunami qui répond seulement aux ordres de Conte-Neptune. Nous nous réveillons sur la banquette d’un jazz club au milieu d’une discussion existentielle sur Le chic et le charme. Nous ne connaissons pas la raison, mais nos joues sont rayées de larmes. Même pas le temps de les essuyer qu’une charmante danseuse saisit notre main pour nous emporter dans un bal Tropical. Puis, comme dans l’éternel retour nietzschéen, nous nous retrouvons  devant ce visage socratisant à l’accent transalpin, qui répète encore son ordre, en guise d’une fin qui ne s’épuise jamais : vieni Via con me. On le suivra toujours, ce Paolo Conte. Lui, son monde de rêve et de poésie, ses histoires et son élégance. Parce que c’est beau. Et parce que nous n’avons pas le choix.

Le spectacle a eu lieu :
Grand Théâtre – Parc Archéologique de Fourvière
6 rue de l’Antiquaille – Lyon
mardi 20 juin à 21h30

Le festival Les Nuits de Fourvière, en partenariat avec l’Instituto Italiano di cultura, a présenté
Paolo Conte

Set
Ratafià
Sotto le stelle del jazz
Come di
Alle prese con una verde milonga
Snob
Recitando
Dancing
Gioco d’azzardo
Gli impermeabili
Madeleine
Via con me
Max
Diavolo rosso
Le chic et le charme
Tropical

Encore
Via con me