Danser la paix : un défi à gagner pour refonder l’Europe

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La Biennale de la danse touche cette année sa 18e édition et s’apprête à investir la Région Auvergne-Rhône-Alpes d’un séduisant désir de danse. Du 11 au 30 septembre, 35 villes seront parcourues par 64 spectacles de 59 artistes différents. 27 créations, dont 19 mondiales, seront à l’honneur d’une programmation intense et indispensable dont l’apogée sera présentée lors du « défilé pour la paix » prévu le dimanche 16 septembre dans les rues de Lyon.

Mardi 5 juin au 26e étage de la Tour Incity, devant un parterre de journalistes, Dominique Hervieu a présenté la 18e édition de la Biennale de la danse qui se déroulera sous le signe de la paix et autour du lien entre danse et image. Dès les premiers mots de la directrice, il a paru évident que cette manifestation était chargée du défi déposé au cœur de tout art : celui d’une démarche profondément politique. L’art n’est pas, tout simplement, une surface esthétique posée sur les choses. L’art est, phénoménologiquement parlant, inhérent aux choses : il ne rentre pas dans les actes et dans la vie ex abrupto car il en fait dramatiquement (drama, en grec, c’est l’action) partie, ab originem. Dans ce sens, les paroles fortes de la directrice : « Refonder l’Europe des artistes contre l’Europe qui se délite » ne doivent pas étonner ou laisser interdits. Le travail politique, le changement social est intrinsèque à la démarche politique, car l’œuvre et la vie se déroulent sous le signe d’une mutation visant l’élévation (peu importe si de type métaphysique ou pas). La lourde tâche de rappeler le fond de tout art parait malheureusement aujourd’hui tragiquement nécessaire.

La 18e édition de la manifestation s’annonce extrêmement intense et variée, constituée de 64 spectacles de 59 auteurs qui toucheront 35 villes de la métropole et de la Région, dont 27 créations (19 mondiales). Cette édition atteindra son apogée le dimanche 16 septembre avec le défilé citoyen qui traversera et inondera la ville avec ses 4500 participants, 12 groupes régionaux et 9 villes intéressées. Un événement profondément citoyen et politique qui se clora en fin d’après-midi sur la place Bellecour où 15000 personnes chanteront à l’unisson l’hymne mondial de la paix, Imagine de John Lennon.

Le mois de septembre sera, en outre, traversé par une vague choreutique de rare ampleur. Parmi les 64 spectacles, nous pouvons citer la nouvelle création mondiale di Mourad Merzouki, une danse verticale qui explore le côté le plus créateur de l’œuvre du chorégraphe lyonnais, le retour à Lyon de la visionnaire compagnie Peeping Tom, la pièce –  en avant-première – de Maguy Marin, Ligne de crête axée sur les désirs et les souffrances de l’individu ou la danse-performance conçue expressément pour la biennale par Jérôme Bel.

Un hommage au mythe Merce Cunningham (il aurait fêté ses 100 ans en 2019) sera présenté aux Célestins les 13 et 14 septembre avec deux pièces qui approchent les nouvelles technologies. Ces dernières seront au centre du Dansathon, l’hackathon de la danse qui mettra en communication des créateurs de tout genre confondu venus de trois villes (Lyon, Liège et Londres) pour une expérience connectée dans les territoires des nouvelles technologies.

Parmi les pièces les plus attendues, nous devons citer Augusto, du génie italien Alessandro Sciarroni et Hard To Be Soft, de l’enfant terrible Oona Doherty. Désormais fidèle de la biennale, le chorégraphe romain présentera sa nouvelle pièce au Théâtre de la Croix-Rousse mercredi 19 et jeudi 20 septembre, tandis que la jeune nord-irlandaise se lancera dans une « prière physique pour Belfast », sa ville natale. Yuval Pick explorera, à travers la danse, les questions d’appartenance et d’étrangéité, l’espagnole Cris Blanco fera, c’est le cas de le dire, « son cinéma », construisant des petites scène à travers le regard cinématographique et Rachid Ouramdane traitera de l’impact des migrations avec une attention particulière aux enfants migrants.

Impossible de présenter ici l’infinie richesse de cette édition, mais notons toutefois : To da bone, du collectif La Horde (auteurs, aussi, du visuel de la nouvelle saison de la Maison de la danse), pièce construite sur le « jumpstyle », danse souterraine dont les vidéos sont partagées par les plus jeunes à travers les réseaux sociaux, le fascinant Gravité de Angelin Preljocaj et Histoires naturelles, 24 tentatives d’approches d’un point de suspension au Musée Guimet de Yoann Bourgeois, travail qui investira l’historique lieu lyonnais pour une dernière fois, avant la transformation définitive de l’ex musée naturel en « ateliers de la danse ».

La Biennale de la danse ne se résume pas aux « spectacles de danse » mais propose également des rencontres avec les artistes (le projet « La fabrique du regard »), des ateliers pratiques, des cours des danse, des films sur et autour de la danse… Rendez-vous à partir de mardi 11 septembre pour (re-)découvrir cet événement unique et essentiel.

18e Biennale de la danse
du mardi 11 au dimanche 30 septembre 2018
lieux divers

Programmation complète :
www.biennaledeladanse.com