Hors des sentiers battus

Une nouvelle saison à la hauteur de sa renommée internationale : après avoir été doublement récompensée en tant que meilleure maison d’Opéra du monde, l’Opéra de Lyon présente une programmation pleinement respectueuse de sa posture dans le monde du théâtre lyrique, entre nouveauté et redécouverte

C’est officiel : il s’agit de l’un des derniers programmes concoctés par Serge Dorny. Si à partir de septembre 2021 le directeur de l’opéra lyonnais prendra les rênes de l’une des maisons d’opéra les prestigieuses du monde, la Bayerische Staatsoper de Munich, le théâtre lyrique de la capitale des Gaules peut – et doit – profiter, encore pour trois années, des effets immédiats de la vision novatrice que le directeur a su lui insuffler.

La nouvelle saison de l’Opéra de Lyon s’insère parfaitement dans la continuité de l’esprit de cette maison d’opéra, toujours volontairement hermétique à la répétition et aux idées fixes. Au cours de quatre siècles de son histoire, l’opéra a su créer des milliers d’œuvres, mais seulement quelques centaines demeurent tant dans les programmations des théâtres que dans la postérité. L’Opéra de Lyon s’est toujours distingué par son élan novateur, dirigé vers la recherche et la création, allergique donc à l’évidence et à la réception passive de l’histoire. Dans ce théâtre, la contemporanéité la plus pointue a toujours été placée au centre de l’attention et la prochaine saison ne démentit pas cet esprit.

Serge Dorny a présenté l’une de ses dernières saisons en tant que directeur comme un parcours parmi les « chemins peu moins fréquentés » qui permettront de « vraies et belles découvertes » grâce, notamment, à des œuvres jamais présentées sur la scène lyonnaise ou en France.

La nouvelle saison opératique s’ouvrira le jeudi 11 octobre avec le Mefistofele d’Arrigo Boito, une première pour la ville de Lyon et qui sera dirigé par le chef permanent Daniele Rustioni, dans la mise en scène des catalans Alex Ollé/La Fura dels Baus. Le chef italien proposera également un Nabucco en version concert en début du mois de novembre (le 5 et le 7) et L’enchanteresse de Tchaïkovski (en mars 2019) dans la mise en scène du volcanique poète Andriy Sholdak. Ce dernier opéra (une première en France) ouvrira le festival annuel Vie et destins, qui sera complété par le Didon et Enée, remembered d’Henry Purcell/Kalle Kalima (direction de Pierre Bleuse, mise en scène de David Marton) et le Retour d’Ulysse dans la relecture de la Handspring Puppet Company avec la collaboration de William Kentridge.

Parmi les autres premières pour Lyon, citons le Rodelinda de Haendel (en décembre, dirigé par Stefano Montanari et dans la mise en scène de Claus Guth), le dernier opéra de Janáček, De la maison des morts (en janvier, direction d’Alejo Pérez, mise en scène de Krzysztof Warlikowski) et le récent travail de celui qui a été justement défini comme un « miniaturiste raffiné » par le directeur Dorny, à savoir George Benjamin : Lessons in Love and Violence (direction Alexandre Block, mise en scène Katie Mitchel).

En novembre, avec L’heure espagnole, nous verrons le retour de Grégoire Pont, qui complète ainsi son diptyque Ravel commencé en 2016 et en juin ce sera le tour de Laurent Pelly de retrouver le plateau lyonnais pour un nouveau travail de son Offenbach, le Barbe-Bleue (dirigé par Michele Spotti). Le rarissime Roméo et Juliette de Boris Blacher (en février, direction de Emmanuel Calef, mise en scène de Jean Lacornerie) et Les enfants du levant d’Isabelle Aoulker (en avril, direction de Karine Locatelli, mise en scène de Pauline Laidet) complètent le cadre d’une nouvelle saison d’opéra à déguster sans modération.

La saison des concerts verra une dominante russe (Borodine, Rimski-Korsakov) mais la musique française (Ravel) et espagnole (Manuel de Falla) seront aussi à l’honneur. Parmi les rendez-vous à ne pas manquer, citons les concerts des sopranos Sandrine Piau (18 septembre), Véronique Gens (23 septembre), Felicity Lott (30  décembre) et celui du mezzo Maite Beaumont (7 février), outre le très attendu récital du pianiste polonais Krystian Zimerman (28 avril).

Le Ballet de l’Opéra propose une très belle saison autour de trois grands maîtres de la danse contemporaine : Merce Cunningham (au programme, en novembre, Summerspace et Exchange), Trisha Brown (Newark, Foray Forêt et Set and Reset/Reset, en janvier à la Maison de la danse) et Jiří Kylián (en avril, d’abord au Toboggan de Décines avec Après-hier, puis à l’Opéra avec Avant Demain). On retrouvera aussi le chef-d’œuvre de Maguy Marin, Cendrillon (en octobre), la visionnaire compagnie Peeping Tom avec 31 rue Vandenbranden (en septembre) et la création mondiale de Rachid Ouramdane, Franchir la nuit (toujours en septembre).

Une nouvelle saison qui peut être résumée parfaitement avec les mots du directeur Dorny : « aiguiser la curiosité, ouvrir l’esprit, inviter au plaisir et au risque du hors-piste ».

Opéra de Lyon
1 Place de la Comédie – Lyon

Saison 2018-2019
du samedi 8 septembre 2018 au mardi 5 juillet 2109

Programmation complète :
www.opera-lyon.com