Anachronisme et légèreté

Le grand théâtre des Nuits de Fourvière de Lyon a accueilli, ce jeudi 18 juillet, une soirée très attendue du public des grandes occasions : le retour de Tears For Fears

Les fondateurs Roland Orzabal et Curt Smith ont ravi un public nostalgique et joyeux qui connaissait par cœur tous les morceaux du groupe historique anglais. Accueillis sur scène par la version de Lorde de Everybody Wants to Rule the World, Tears For Fears a permis de rétablir la distance temporelle qui séparait le hic et nunc de l’ère de leurs succès. Si la new wave des Tears For Fears apparaissait déjà à l’époque comme un voile léger et éphémère qu’il fallait déchirer pour atteindre un succès planétaire, les effets demeurent encore aujourd’hui, à travers ces sons qui montrent tout l’anachronisme historique dont ils sont porteurs, mais qui résonnent dans notre contemporanéité en tant qu’élément durable.

Everybody Wants to Rule the World et Sowing the Seeds of Love sont accueillis avec des cris et la fête peut alors commencer. Curt Smith conservera une attitude vive et enthousiaste tout au long de la soirée, abusant souvent du fausset, tandis que Roland Orzabal se montrera plus concentré sur le rôle d’orchestrateur très attentif de l’événement.

De Woman in Chains émerge la figure de Carina Round, dont la voix élégante intervient dans les rôles qui étaient l’apanage d’Oleta Adams. Ses interventions semblent faire souffler un vent frais et délicat sur les pièces historiques du Tears For Fears. Dans Change, une tentative de mise à jour du son apparaît par le biais d’un durcissement de la matière musicale, mais l’objectif n’est pas complètement atteint. L’interprétation de Mad World s’avère hâtive, l’effet final se révélant toutefois plus que réussi. Suffer the Children est peut-être le moment le plus intense et le plus émouvant de la soirée. La voix de Carina Round enveloppe et protège, telle une caresse d’amour maternel pour réaliser un instant d’enfouissement dans l’absolu, d’ouverture dans une matière sensible que la légèreté de la soirée n’aurait pas laissé supposer.

Si les hommages à Tears For Fears qui se sont succédés au fil des années ne se comptent désormais plus, Smith et Orzabal ont tenu ce soir à rendre hommage à leur tour à un des groupes les plus surévalués de l’histoire de la musique : les soporifiques Radiohead. Le choix s’est porté sur une plainte populaire des années 90, Creep. Une bonne version, mais qui n’a rien apporté à la soirée. Après la traditionnelle pluie de coussins, Smith revient sur scène vêtu d’un maillot personnalisé de l’OL en hommage au public lyonnais, pour enfin clôturer le concert avec une version chorale et festive de l’hymne innocent et historique Shout.

Le concert a eu lieu :
Grand Théâtre – Parc Archéologique de Fourvière
6 rue de l’Antiquaille – Lyon
jeudi 18 juillet 2019 à 21h30

Le festival Les Nuits de Fourvière a présenté
Tears For Fears

Setlist
Everybody Wants to Rule the World
Secret World
Sowing the Seeds of Love
Pale Shelter
Break It Down Again
Advice for the Young at Heart
Woman in Chains
Change
Mad World
Memories Fade
Suffer the Children
Creep
Badman’s Song
Head Over Heels / Broken

Encore
Shout

www.nuitsdefourviere.com